On vante ou craint les fonctions de l’«intelligence artificielle» en foule de domaines économiques, sociaux ou culturels. On la dit présente dans l’écriture et la traduction de livres. Il semblerait que ce soit encore clandestin (les deux tiers d’utilisateurs le cacheraient à leurs donneurs d’ordres). Cet emploi s’étendra, rejoindra dans le livre cette économie du plagiat qui fait elle-même l’objet de spécialités de recherches. Sans être technophobe, on a voulu tester, par une édition multi-traductions du poème de Coleridge La Ballade du Vieux Marin, ce que ces systèmes pouvaient donner actuellement. On s’y reportera si l’on veut.
Forts de cette expérience, nous suggérons l’application d’un logo, comme il en est tant. Il garantirait, le cas échéant, que les écrits contenus dans tels livres ne procèdent d’aucun recours à ces systèmes. Les applications numériques entrant dans la composition typographique et dans la photogravure des images recourent à un stade antérieur de l’automatisation informatique programmée. Au sens strict, elles relèvent d’une «artificialisation» des moyens de production. Il s’agit ici d’affirmer le caractère subjectif humain de l’élaboration des contenus (textes, images…), sans génération automatisée des éléments et sans recoupement de données préexistantes accumulées par les sites dits «intelligents» à notre place.
Il est évident à cet égard que plus on s’y abonne, plus on les enrichit, au sens strict financier qui renforcera leur prééminence et leur banalisation, et au sens où on leur fournit de ce que l’on appelait jadis notre «matière grise» – qui plus est, en payant sans retour.
Ce logo pourrait être l’encadré proposé ici, portrait de Polymnie, muse de la rhétorique, dessinée par Ingres en 1856. Nous l’utiliserons dorénavant. Il est offert à qui veut (un simple glissement de l’image suffit; on transmet sur demande une version PDF).