Khadra danseuse Ouled Naïl

24,99
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roman par Étienne Dinet et Sliman Ben Ibrahim.  / Fac-similé de l’édition H. Piazza, Paris, 1926. Illustration noir et couleur (tableaux d’Étienne Dinet), ornements de Mohammed Racim. / 198 pages, 152 x 229 mm, isbn 978-2-84505-268-0 / Distribution Hachette

Le roman de Khadra témoigne de la contradiction inhérente à la représentation de danseuses traditionnelles dans le contexte de la « découverte » d’un autre exotisé. Ces danseuses ravalées au rang de prostituées par l’avilissement moderne des mœurs et des rapports sociaux paraissent de pittoresques «prêtresses de l’amour» et de l’érotisme. Loin de l’idéalisation européenne des Psyché antiques, extrême-orientales ou maghrébines, qui justifiait et esthétisait le tourisme sexuel colonial, le peintre Étienne Dinet souligne dès l’introduction le leurre tragique de cette imagerie: des nantis naïfs contribuent à une économie structurée pour voir des femmes usées aux destins brisés; les mythes n’existent plus, se sont perdus dans les réseaux des notables autochtones et des administrateurs coloniaux. Si l’histoire de l’Algérie française d’alors n’est pas abordée explicitement, elle est présente comme un arrière-plan oppressant. On dénonce à ses bureaux la contrebande d’un rival en amour; on appâte les soldats français pour leurs capacités financières; on assassine un prisonnier prétendu fugitif. L’art de la danse «primitive», les belles parées de couleurs, de voiles et de bijoux, ce que montre la peinture de Dinet dans des tableaux référentiels souvent interprétés pour leur valeur documentaire et anthropologique, ce livre les écrit ; et l’écrit démythifie. L’épanouissement amoureux de la femme et de l’homme est le grand sacrifié de ce récit qui se rattache, dans un style narratif spécifique, aux contes arabo-berbères et au roman post-naturaliste français.

Étienne Dinet vécut longtemps dans le Sud algérien dont la lumière le fascina, et s’imprégna de sa culture – il se convertit à l’islam en 1913. Outre son œuvre picturale, un temps délaissée pour son caractère figuratif et, peut- être plus encore, car l’orientalisme qu’il critiquait s’évanouit dans la mauvaise conscience occidentale, il écrivit plusieurs ouvrages avec Sliman Ben Ibrahim témoignant d’une rencontre et d’empathie. Khadra parut en France en 1926. (Notre fac-similé reproduit une exemplaire «courant», imprimé en noir et blanc; on a inséré la version en couleurs de la plupart des illustrations, tirées d'un tirage de tête ou restituant les tableaux correspondants du peintre.)

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