De la tradition orale à la poésie lettrée, sous l’influence de la culture mozarabe et plus encore des troubadours de langue d’oc, cette anthologie présente un véritable trésor littéraire d’une langue romane issue du latin vulgaire, aux XIIIe et XIVe siècles. Le portugais et le galicien viennent tout deux du galégo-portugais ou galaïco-portugais qui fut l’une des langues de prestige du lyrisme européen du Moyen Âge. Ces cantigas (chansons) s’interprétaient en musique lors de diverses festivités, parfois accompagnées de danses, comme le montrent certaines enluminures. La forme de ces chansons témoigne d’une intense activité créatrice au cours de la reconquête du Sud, via les chemins de Compostelle, et donnera sans doute quelques pistes aux chercheurs de Saudade d’aujourd’hui. Ce sont en effet les premiers poèmes qui mettent en scène des voix féminines dans un monde d’artistes issus la plupart du temps de la gent masculine.
Vincent Guillier, écrivain et traducteur, diplômé ès lettres et philosophie, est l’auteur de plusieurs ouvrages de poésie.