E. Pierremont • Tcheka

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Les témoignages recueillis dès 1922 dans ce livre émanent de membres du parti socialiste-révolutionnaire russe – point de vue le plus oublié peut-être de cette époque si travestie. Ils n’expriment ainsi aucune nostalgie pour le tsarisme et ses geôles — si ce n’est formulée par une funèbre ironie dans les couloirs de celles bolcheviques, « où le nom même de la mort a cessé d’être terrible et éloquent ». Ils se situent aussi au-delà des clivages théoriques ou idéologiques, des critères d’erreur et de raison : si les socialistes-révolutionnaires, ou d’ailleurs l’ensemble de la société, devaient progresser sur tel ou tel choix stratégique, il est assuré que la chape léniniste les en a tous empêchés, envahissement de la vie sociale et politique post-révolutionnaire par l’armée, la police, les affairistes et les milices spéciales. On lit une horrifiante description d’un étouffement systématique sous une terreur de masse, « où les détenus perdent toute ressemblance humaine et se transforment en esclaves pitoyables » – des sous-sols de la Loubianka aux « camps de la mort » et au « typhus de la prison » en passant par les foules ouvrières fusillées à Astrakhan en mars 1919. Au contraire, l’édification de la « nouvelle » police politique apparaît comme un développement des traditions despotiques anté-révolutionnaires, par ses méthodes manipulatrices, ses tortures perverses, sa corruption, ses viols ; et par le type de personnel auquel elle doit recourir, « où les “éléments criminels” et les mercantis se mêlent aux tchékistes », supplétifs de basses besognes continuelles qui ne devaient pas être sans imitateurs, dans les villes, les campagnes et les camps de concentration, sous d’autres cieux idéologiques du XXe siècle.
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