Pionnier de la psychologie des foules, Gustave Le Bon (1841-1931) considère dans cet ouvrage les conséquences socio-culturelles de la Première Guerre mondiale et diagnostique leur influence sur le mode de vie des sociétés européennes. Il constate la faillite des projets démocratique et internationaliste, dans leurs tendances rationnelles ou utopiques. Les foules enrégimentées luttent contre elles-mêmes, renonçant ainsi à l’exercice de leur politique spécifique. Les «races» au sens où il entend cette notion (non pas communauté ethnique, mais communauté civilisationnelle plutôt que de destin) s’affrontent en un jeu réciproque d’illusions dont les valeurs s’effondrent simultanément devant la montée d’un militarisme planifié à grande échelle. S’il a été lu et utilisé par des meneurs d’hommes (de Mussolini à De Gaulle), ce chercheur réputé en son temps et qui fut une référence pour de nombreux théoriciens (Freud, Arendt…) a longtemps été négligé par la critique socio-politique.