Lucien Descaves • Souvenirs d’un ours

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Nouvelle édition (2020) augmentée d’un Index des noms. / 258 pages, 16 x 24 cm, isbn 978-2-84505-263-5 / Distribution Hachette

Le parcours de Lucien Descaves (1861-1949) traverse plusieurs époques, embrasse des champs multiples, culturels, littéraires, politiques, des écoles, des tendances, des partis pris qui, en cette occurrence, ne sont pas hétérogènes, mais se conjuguent. Il n’est pas spécialiste, mais singulier et, cependant, en relation constante, évolutive, à l’écoute des principaux représentants et acteurs de ces différentes strates.

Ses Souvenirs, publiés en 1946, commencent comme l’autobiographie d’un modeste Parisien autodidacte et se poursuivent comme un recueil de témoignages, mesurés, réfléchis, évoquant des personnalités littéraires, qu’elles soient demeurées fameuses aujourd’hui ou aient été déjà menacées de l’oubli ou d’une mise à l’écart en leur temps. Signe de son ouverture et de son intégrité, Descaves fut l’exécuteur testamentaire et l’éditeur posthume de Joris-Karl Huysmans, archétype de l’artiste esthète, et de Gustave Lefrançais, socialiste libertaire, ancien membre et historien de la Commune de Paris en 1871 (et dont nous avons réédité en 2009 les Souvenirs d’un révolutionnaire dans la forme publiée et préfacée par Lucien Descaves).

Auteur « fin de siècle », aux marges du réalisme, du naturalisme, et d’une contestation satirique très vive alors, il publie d’abord des romans dénonçant les mœurs de l’armée française, qui lui valent procès, censure, mise à l’index. Journaliste, critique dramatique, introduit dans les milieux théâtraux, il écrit des drames iconoclastes mis en scène par le Théâtre Libre d’André Antoine, dont plusieurs connaîtront un insuccès de convenance et le scandale. D’abord marqué entre autres (comme il l’évoque dans ses Souvenirs) par le style pamphlétaire de Drumont, il participe aux luttes des dreyfusards, et, à la différence de plusieurs de ces derniers, récusera toujours l’antisémitisme (dont il trace rapidement un portrait quasi sociologique et glaçant).

Cofondateur de l’Académie Goncourt sous l’influence d’Edmond de Goncourt et de Huysmans, lorsqu’il s’agissait initialement de soutenir des écrivains inconnus et le plus souvent pauvres dont les tirages oscillaient de 500 à quelques milliers d’exemplaires, il sera de plus en plus marginalisé par un réseau de notables et d’influences éditoriales, a fortiori lorsque ceux-ci évolueront dans les années 1930-1940 vers une collaboration tranquille. C’est ce qu’il appellera le «déclin» de cette Académie, dont il restera, en tant qu’ancien fondateur, un secrétaire honorifique plutôt qu’écouté. Ce témoin discret aura croisé ainsi une infinité d’écrivains de l’entre-deux-guerres. Évitant la dénonciation polémique, ses portraits d’auteurs célébrés, les scènes de jeux d’influences qui concluent ses Souvenirs contribuent peut-être à expliquer l’oubli qui les engloutira, et lui avec, sous la survivance de l’institution. Or cet oubli recouvre aussi une époque culturelle, animée de contradictions politiques aiguës, de tendances libératrices, de nostalgie pour la poésie et l’art ; il en suggère le caractère passager, la fréquente obscurité des aspirations les plus dignes, leur destin souvent ingrat.

La présente réédition propose une nouvelle composition de l’édition originale et a été augmentée d’un Index des noms de personnes.

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