Scènes de la vie des montagnards westphaliens – Traduction par Pierre Brachin, avec le texte original en regard.
Mars 2018 / 180 pages, 14 x 20,5 cm / isbn 978-2-84505 / Distribution Hachette
Annette-Elisabeth von Droste-Hülshoff est une auteure majeure de la littérature allemande du XIXe siècle, bien ignorée en France. Issue d’une famille aristocratique catholique, née en 1797 à Hülshoff près de Munster en Westphalie, décédée dans un château de Morsburg près du lac de Constance en 1848, elle vécut retirée. Elle publia un recueil de poésies en 1838, complété en 1844. La longue nouvelle Die Judenbuche, considérée comme le chef-d’oeuvre de la littérature réaliste allemande, parut en 1842. Outre un drame et un autre récit inachevés, sa correspondance et ses Zeitbilder (Vignettes de ces temps) attestent une attention aiguë à l’évolution de la société à une époque charnière, prélude à la crise politique de 1848.
Le Hêtre des Juifs narre un drame réel du XVIIIe siècle, transmis par une ancienne chronique juridique. Ces Scènes de la vie des montagnards westphaliens évoquent la relative autonomie de communautés paysannes, leurs codes incivils. La loi n’existe pas vraiment; les usages en tiennent lieu; seigneur et gardes forestiers semblent impuissants contre braconnages, pillage de la forêt, brutalité fréquente des moeurs.
Cette longue nouvelle aborde l’antijudaïsme traditionnel de la culture populaire; et cette tradition est suggérée comme le péché fatal de son mode de vie. Après l’exhumation quelque peu mythifiante des coutumes germaniques qu’effectua le premier romantisme, et au même moment où Heinrich Heine vilipende l’ordre prussien et l’idéalisme «allemand», cette œuvre, dans une écriture simple et rapide, empreinte d’une discrète ironie, marque à la fois un constat et une prémonition.
A travers la mère du personnage principal, l’âpre et funeste condition de la femme est également soulignée, avec une empathie qui n’est pas sans évoquer en France les préoccupations de Balzac.
On a remarqué que Annette von Droste est la seule écrivaine allemande du XIXe siècle à figurer dans les anthologies d’aujourd’hui. Et en France, elle reste à (re)découvrir et à (re)connaître.