Louis Veuillot • Les Français en Algérie

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Souvenirs d’un voyage fait en 1841

Nouvelle édition - 336 pages, 136x 205 mm - 978-2-84505-182-9 - Distribution directe

Écrivain et homme de presse ultra-catholique, Louis Veuillot établit dans ces Souvenirs sur l’Algérie aux débuts de la colonisation un témoignage qui reste une référence historique. Il atteste aussi, par sa perspective idéologique extrême, des représentations civilisationnelles et eurocentristes à travers lesquelles s’effectue le processus colonial. Louis Veuillot préconise une christianisation, par le sabre et le goupillon, de l’Algérie et plus largement du Maghreb. Il espère repousser l’islam au sud du Sahara, où il escompte que celui-ci réduira les cultes animistes de l’Afrique noire avant que, l’expansion européenne poursuivant sa lancée, le christianisme ne l’éradique définitivement. Un tel projet rappelle, pour se justifier historiquement, que l’Afrique du Nord fut une terre du christianisme primitif: négligeant que ses représentants, souvent hérétiques, étaient des autochtones berbères, et non des Européens, il présente ainsi l’invasion française comme un retour de la Croix dans «ses» terres originelles, qu’aurait momentanément annexées le Croissant. L’auteur consent et déplore que ce «plan supérieur» prêté à Dieu se concrétise de façon fort impie, et c’est ici que le témoignage factuel apporte un tableau sans illusion de la pratique colonisatrice: politiques aléatoires des militaires et des administrateurs, difficultés de l’acclimatation des troupes et des colons, dépravation et brutalité des mœurs, hypocrisie manipulatrice des relations avec les clans arabes et kabyles. Il n’empêche que ces mêmes agents grossiers se muent en héros guerriers dont les rapines et les meurtres participent honorablement à cette réminiscence de croisade, et en martyrs lorsqu’ils rencontrent résistance.

Louis Veuillot se désolait de son caractère minoritaire et de son peu d’influence; cependant son argumentaire formalise les présupposés d’un racisme culturel répandu alors en France. Et à l’époque où des essayistes publicitaires et des politiciens néonationalistes fantasment le péril d’une «colonisation» du Vieux Continent par un islam infiltré, il peut être utile de rappeler que l’influence occidentale moderne dans les pays dits «arabes» rêva de procéder, par l’immixtion arbitraire de troupes innombrables dotées d’un équipement de mort industriel, à une élimination des traditions des autres.

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