Texte intégral, réédité dans sa transcription par François Isambert.
Suivi d’une brève notice par le typographe.
Composition en caractère garamond de corps 14. / Juin 2014 / Format 136x 205, cahiers brochés, 83 pages / isbn 978-2-84505-166-9.
Célèbre, l’Ordonnance sur le fait de la justice, dite de Villers-Cotterêts, n’est pas pour autant connue. Parce qu’elle proscrit, en deux articles sur 192, l’emploi du latin dans les actes civils et l’administration du royaume, on tend à établir une analogie avec l’humanisme. La traduction en langues « vulgaires » de tout ou parties de la Bible rendait plus accessibles des Écritures que l’opacité du latin livrait auparavant aux interprétations dogmatiques des autorités catholiques. Elle favorisa par là un accès à une réflexion personnelle et revêtit une portée critique. Or, s’agissant de cette Ordonnance dont le contenu est principalement juridique, l’accès du commun aux arcanes et aux mystères du droit monarchique n’est pas l’enjeu. La langue française qui supplante le latin, non dans la messe, mais dans les procédures des juristes et dans les actes des notaires et tabellions, cette langue n’est pas plus comprise de la majorité des Français champenois, normands, picards, poitevins ou occitans — ni de la culture des classes populaires. Un ordre administratif en croissance exponentielle opte pour une langue spécifique, qui s’est déjà fortement enracinée dans sa pratique, contre laquelle un latin mal enseigné ne peut plus rivaliser; et ce langage, bien peu le parlent en effet. La démarche favorise la soumission des juridictions ecclésiastiques au pouvoir royal. Évolution inscrite parmi d’autres dans un effort de législation qui se veut omnipotente, et répressive contre les protestants ou, d’autre part, les ouvriers en grève, quant à eux interdits d’association. Voici le texte intégral de cette Ordonnance.