Édition et Notes par Léon Varane / Précédées d'une étude « Sur Saint-Amant » par Remy de Gourmont / Fac-similé remis en pages avec une nouvelle préface / Paru juin 2009 - xxiv p. + 265 p., 135 x 205 mm / ean 9782845050785 / Distribution Hachette
Lacquay, fringue bien ce verre ;
Fay que l’éclair du tonnerre
Soit moins flamboyant que luy :
Ce sera le cimeterre
Dont j’esgorgeray l’ennuy. (La crevaille.)
Le cœur plein d’amertume et l’ame ensevelie
Dans la plus sombre humeur de la melancolie, […]
Moy, qu’un sort rigoureux outrage à tout propos,
Et qui ne puis gouster ny plaisir ny repos,
Les cheveux herissez, j’entre en des resveries
De contes de sorciers, de sabaths, de furies ;
J’erre dans les enfers, je raude dans les cieux… (Les visions.)
Poèmes bachiques, chants à boire, alternent dans l’œuvre de Saint-Amant (1594-1661) avec des odes précieuses consacrées à une solitude fantasque et dolente : les deux faces peut-être d’une même inspiration aventureuse vaguant des hôtels aristocratiques aux lieux de débauche de leurs soubassements. Tenu pour l’un des plus grands poètes baroques de la littérature française, Saint-Amant apporte en particulier, comme le notait Remy de Gourmont dans son étude placée ici en Préface de ces Œuvres choisies, une ultime reviviscence du grotesque rabelaisien et de l’enjouement de Ronsard, du non-académique (« J’ai cinquante ans de liberté sur la tête »), de l’amour du vivant. On a pu aussi l’apparenter à Villon. Et son écriture annonce les grands romantiques et symbolistes du XIXe siècle qui le redécouvriront.
L'unique oyseau meurt pour tousjours ,
La nature est exterminée,
Et le Temps, achevant son cours,
Met fin à toute destinée.
AVERTISSEMENT : Le premier tirage de ce livre comportait en page 62 une lacune, une ligne ayant sauté, comme on disait en typographie. Ce manque a été corrigé pour les tirages ultérieurs. On lira en pas de page:
Mais à grand peine ce magot
A-t-il allumé le fagot.
Nos remerciements au lecteur qui nous a signalé cette carence.