La nuit est déchirée à l’est ; est-ce le jour,
ou seulement les feux de garde qui tremblent ici et là,
comme des espoirs sur la route dévastée de la mémoire,
dans les déserts sans lune de l’air frappé par les planètes ?
(« La veille de la révolution »)
Algernon Charles Swinburne (1837-1909) publia en 1871 les Chants d’avant l’aube, dédiés au révolutionnaire italien Giuseppe Mazzini, rencontré lors de son exil à Londres en 1867. Le poète s’empare des thèmes de la liberté, de la lutte contre le despotisme en leur conférant l’aura mythique de son lyrisme et de sa mélancolie. Les sombres échos des déchirements traversés par une Europe en crise, l’exaltation de la lutte politique et de l’insurrection, le chant d’une énigmatique république mère, se déploient au rythme d’incantations rêveuses.