Granier Caroline • Les Briseurs de formules

34,99
Prix TTC, frais de livraison compris
Poids du colis: 962 g


Les écrivains anarchistes en France à la fin du XIXe siècle  / 469 pages grand format (180 x 270 mm).  / Illustrations noir/blanc. Bibliographie, index. / ISBN 2-84505-065-8 • Paru nov. 2008 • 34,99 euros • Distribution : Hachette

Dans quelle mesure existe-t-il une littérature anarchiste, durant l’apogée intellectuel et social que vécut le mouvement libertaire dans la première époque de la IIIe République, passée la proscription des communalistes ? Quelles en sont les thématiques, les problématiques, les contradictions ? En abordant ces questions, l’auteure fait ressortir une face méconnue, occultée, de la fin du XIXe siècle.
Au lieu d’une minorité circonscrite et négligée, nous rencontrons, dans le cours d’un mouvement à la fois politique, esthétique et philosophique, une pléiade d’individualités passionnées, sarcastiques, utopistes, irrévérencieuses, graves, dont les apports multiples dialoguent avec les artistes sinon plus avancés, du moins notoires, de leur temps. Leurs rencontres avec les milieux naturaliste et symboliste, non dénuées d’ambiguïté et d’incompréhension mutuelles, constituent cependant un moment fructueux et spécifique de l’histoire littéraire.
L’influence des recherches et des publications anarchistes s’étend bien au-delà de leur participation, primordiale, à la défense du capitaine Dreyfus. Journaux, revues, scènes théâtrales, chansons, luttes sociales (grèves, manifestations) et individuelles (propagande par le fait, entre autres dans sa pratique « terroriste » qui est la plus célèbre) sous-tendent une critique multiforme de la société bourgeoise et de l’État. Avoir dégagé l’interaction entre ces deux piliers de la civilisation dominante permit, peut-être à la façon d’un levier, des avancées et des anticipations dont beaucoup ne se sont popularisées qu’un siècle plus tard.
La scission inhérente à la représentation civile, l’illusionnisme de l’économie capitaliste, le conformisme de l’art académique et la nécessité d’un « art social », la duplicité des idéaux républicains, les enjeux d’une écriture véridique de l’Histoire et de ses déchirements (telle la Commune de Paris), les entraves éducatives à un épanouissement individuel, y compris dans les rapports amoureux – ces thèmes ont alors été abordés, expérimentés, discutés. Ce creuset libertaire initia ainsi un long processus de dissolution progressive des modèles moralistes et culturels de l’assujettissement. Il exercera une influence directe sur les mouvements d’avant-garde artistique du siècle suivant (futurisme, dada, surréalisme, et au-delà…) et plus diffuse jusque dans l’après-1968.
La présente évocation – à la fois chronique, commentaire, analyse d’œuvres clefs – montre les thèmes de cette tendance s’entrecroiser selon différents points de vue (culturels, théoriques, politiques, « esthétiques », individualistes). Ses auteurs (Jules Vallès, Louise Michel, Georges Darien, Charles Malato, Émile Pouget, Bernard Lazare, Mécislas Golberg, Séverine, André Léo, Octave Mirbeau, Jean Grave, Sébastien Faure, Georges Eekhoud, Zo d’Axa, Han Ryner…) polémiquent, innovent, défrichent les chemins d’une transition entre, d’une part, la lutte sociale contre la misère économique et, d’autre part, la subversion de la totalité des conditions et des mœurs qui traduisent et reproduisent cette misère. Longtemps bannie, contournée par la culture institutionnelle, une époque charnière reparaît dans son ampleur et sa créa­tivité, grâce à un livre-somme qui est une contri­bution essentielle à son histoire.
Parcourir également ces catégories : Littérature : Œuvres, Histoire, Histoire sociale