Fac-similé de la première traduction française (par P.-G. La Chesnais, 1902) augmentée d'un cahier hors-texte noir et blanc sur l'univers de W. Morris / Paru mars 2008. 346 p. + 12 pages, format 14 x 21 cm / ean 9782845050563 / Distribution Hachette
Une utopie tournée non vers le futur planifié, ni vers le passé rétrograde, mais vers la transposition de ce que le passé a déployé qui ne fût pas gangrené par le laid, telle est l’expérience que propose William Morris (1834-1896). Réagissant contre un socialisme utilitariste qui menaçait de reconduire, pour les diriger, la misère spirituelle et empirique des travailleurs dans un univers follement rationalisé où régnerait l’horrible, le poète, romancier, peintre, typographe, imprimeur, créateur de demeures et de jardins, tisserand, essayiste, cofondateur d’une Ligue socialiste — il fut entre autres tout ceci — explore une société que la beauté préraphaélite et la multiplicité de la création humaine ont dégagée de toute emprise normative, où les individus que l’ont croirait natifs d’un Moyen Âge finissant, idéal, esthétisant, sans despotes ni exploiteurs, ni dogmes, épanouissent leurs capacités vivantes dans un espace baroque d’arches et de verdure, où les fabriques victoriennes et leurs hautes cheminées ont disparu. «L’art d’acheter et de vendre» est le seul qu’ils ignorent, ainsi que la répulsion paralysante pour des activités productrices multiples devenues enfin possibilité d’une autoformation joyeuse. L’utopie par définition est incertaine ; l’est beaucoup moins le tableau de l’existant qu’elle permet de tracer et de juger a contrario.