Ulrich von Hutten • Epîtres des hommes obscurs

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Traduites du latin par J. Priel, Préface par Laurent Tailhade / Paru 6-1997. 218 pages. / i.s.b.n. 2-904429-74-3

Les Épîtres des hommes obscurs, auxquelles on doit le terme d’« obscurantisme », parurent en 1515. Elles se présentent comme des lettres rédigées en un latin maladroit par des moines et des théologiens. Ils s’y montrent anxieux de défendre la pérennité et les bénéfices de leur ordre contre les humanistes – les « poètes ». Ils s’y obstinent à soutenir les principaux tenants de l’orthodoxie dominicaine et de l’antisémitisme dans un procès en hérésie qu’ils avaient intenté contre l’exégète Johannès Reuchlin – celui-ci refusait de condamner au feu les livres de la culture juive et tentait au contraire d’en faire connaître l’importance pour le christianisme. Circulant d’abord en feuilles séparées, en Allemagne, en Angleterre et dans le Brabant, ces missives furent dans un premier temps reçues par les théologiens comme des œuvres authentiques des leurs : ils accréditaient ainsi le tableau qui en ressort, l’inculture tatillonne de leur hiérarchie, la bassesse de leurs mœurs, l’étroitesse de leurs motivations. Et sous la poussière de cette obscurité se dessinent les traits constant des bureaucraties de la pensée.
Les Épîtres émanaient du chevalier Ulrich von Hutten (1488-1523), poète et aventurier, partisan des humanistes dont certains, tel Érasme qui l’avait soutenu au début de l’affaire, s’effrayèrent ensuite de la hardiesse de sa satire et le dénoncèrent. Il y eut deux tomes de ces lettres (correspondant aux deux parties du présent volume) : la première série décrit les coutumes des théologiens, les calculs médiocres et les aisances hypocrites qui animent leur existence de corps ; la seconde est plus tactique, elle suggère les difficultés grandissantes rencontrées par cet ordre, que nul n’accroit plus, que beaucoup raillent et menacent de pourfendre, et elle narre l’enchevêtrement de pressions compliquées et de calomnies par lequel il espère restaurer son autorité. Quelques longueurs que la précision de la restitution ait pu dicter, nonobstant l’ambiguïté aussi de certains arguments, l’ensemble progresse avec une ironie et un humour qui, faisant le lien entre les libelles du Moyen Âge et les pamphlets de l’âge classique, peuvent être regardés comme ayant fondé un genre.
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