Thomas Campanella (né en Calabre en 1568, mort exilé à Paris en 1639), issu du clergé dominicain, auteur hérétique d’une des premières utopies communistes, fomentateur d’une conjuration manquée contre la domination espagnole en Calabre, torturé et longtemps emprisonné par l’autorité apostolique alliée aux jésuites, est ici traduit et présenté par Louise Colet, qui fréquenta les milieux socialistes « utopiques » des années 1830-1840 en France et qui se ressouvient, dans un texte poignant, de cet annonciateur des révolutions libertaires. Outre la Cité du Soleil, dont on appréciera les principes d’éducation post-renaissante autant que les rites amoureux mutuellement consentis, on découvre des poèmes où l’interrogation philosophique restitue la passion déchirante de l’expérience solitaire « dans une citadelle consacrée aux tyrannies secrètes ». En cela aussi Campanella fut «résolument moderne».