Adapté d’après les anciens textes arabes par Gustave Rouger, avec 5 dessins d’Étienne Dinet .
Fac-similé de l’édition piazza (1923), 230 p., 14 x 21 cm, Distributiuon Hachette.
«Antar, écrivait Lamartine qui en donna une version en français, égal souvent par l’instinct, par les mœurs, par la poésie, aux chefs-d’œuvre d’Homère, de Virgile, du Tasse, est resté populaire dans les tentes des Arabes […], et ses chants poétiques charment encore les veillées des chameliers ou les haltes des caravanes.» La notion de roman, proposée en titre par l’adaptation de Gustave Rouger (1923), renvoie aux chansons de geste médiévales, avec lesquelles l’âpreté des combats présente quelque analogie. D’origines orales anté-islamiques, la tradition d’Antar connaît des siècles durant une infinité de développements et de variations oraux puis écrits. Le travail de Rouger tente de revenir autant que possible à un socle initial. À l’instar des héros antiques mus par quelque fêlure, Antar déjoue les mythes aristocratiques de la race, du clan et de la naissance. Il est métis, fils d’une obscure esclave, indépendant. S’il est guerrier farouche autant que les preux des gestes ou les Grecs de l’Iliade, il n’est pas moins poète, signe exceptionnel parmi les archétypes légendaires. Il affronte la fatalité (l’archer aveugle). Il assume la protection de son aimée jusqu’après sa propre mort. Un roi reconnaît cette vertu d’exception: «Quels présents pourrais-je te faire? Depuis longtemps ils auront disparu, que, grâce à tes vers, ma gloire vivra encore parmi les hommes. Ma royauté n’a que le pouvoir de faire mourir, tandis que tes vers, ô poète, ont celui de rendre immortel.»