Suivies d’une satire inédite de l’auteur dédiée «à ceux qui aiment à rire comme des bossus»: Mahieux.
Sept. 2021, 228 pages 16 x 24 cm / ean 9782845052857 / Distribution Hachette.
Nouvelle édition de chroniques littéraires choisies et première édition moderne d’un texte inconnu de Balzac.
Un écrivain publiant dans les journaux n’est pas pour autant un journaliste, ni au sens d’informateur censé véridique, ni au sens où Balzac caractérisait cet état. L’imprimeur-éditeur qu’il venait d’être (entre autres de Molière et ceci est un signe), et dont les prémonitions typographiques avaient été pillées, participa surtout autour de 1830 à des aventures qui en auraient fait un «homme de presse», influent et moins désargenté, si elles avaient prospéré. Il publia de nombreuses chroniques, dont le présent choix témoigne qu’il fut un critique à la fois littéraire et, dirait-on aujourd’hui, sociologique. Le critique montre une sagacité dégagée des conventions et des modes, une capacité d’ouverture et d’attention exceptionnelle. Ses Études… de La Chartreuse de Parme sont uniques en leur temps, où Stendhal demeura négligé. Mais l’éloge débouche sur une préconisation de cohérence du récit, qui selon lui manquait à Stendhal, et la trame de son roman est phagocytée dans ce qui apparaît comme une longue nouvelle re-narrant sa progression. Balzac semble un des très rares écrivains de cette époque de bouleversements politiques, sociaux et esthétiques, à avoir formé en filigrane une théorie du roman en même temps que le style de sa propre construction fictionnelle. Il en exerce des principes dans des chroniques où le compte rendu littéraire se conjugue à la description socio-culturelle, et où satire et caricature, quasi pamphlétaires, esquissent le portrait général d’une époque troublée, d’une société sans idéal cohérent.
Les textes recueillis ici témoignent de cette démarche synthétique. L’appel à un certain réalisme conduit à démythifier des archétypes romantiques, notamment hugoliens. Il s’accompagne d’une recherche de la totalité humaine. S’il raille les excès de l’inspiration moyennâgeuse en vogue, s’il préconise une vraisemblance proche de la vie effective, il invite aussi à renouveler la tradition comique, dans la langue et dans la description dramatique, à retrouver une truculence qu’évoqueront les Contes drolatiques. Ainsi, ce volume se clôt par la redécouverte d’un ouvrage satirique inconnu de Balzac, dont voici la première édition depuis 1831. Il est consacré à Mayeux, le bossu bouffon, personnage hérité de la caritature de presse, passé au théâtre de boulevard, très populaire dans les années 1830, figure du petit-bourgeois «citoyen».